Villeneuve-la-Comptal Parc du château

MOYEN AGE
EPOQUE MODERNE [1]

Sur une surface de 3,3 hectares le projet de lotissement
« Le parc du Château » recouvre des vestiges couvrant
un large spectre chronologique, du Haut Moyen Age
jusqu’à la période moderne, en passant par le Bas
Moyen Age, période la mieux documentée.
A l’issue de cette campagne, on constate que les
vestiges, nombreux et variés, font écho à l’origine
médiévale du village de Villeneuve-la-Comptal, à
son développement et à son extension en dehors du
périmètre matérialisé par l’enceinte fortifiée.

Les traces humaines les plus anciennes sur les lieux
se manifestent par la présence de mobilier céramique
antique, soit en surface du terrain, soit de manière
résiduelle au sein des couches et structures du Moyen
Age. Les vestiges immobiliers sont quant à eux des
plus discrets, contrairement à ce que nous aurions
pu penser en regard de la présence de ces tessons
antiques. M. Passelac pressent un établissement
agricole dans le secteur, mais la question de sa
localisation exacte reste posée.

La présence d’activités humaines dès le Haut Moyen
Age est en soit une information exceptionnelle, et par
conséquent confirme les observations effectuées par
M Passelac dans certains secteurs de la commune. En
revanche, il nous est difficile en l’état de nos recherches
de caractériser correctement le type d’occupation
que nous avons exhumé. Il est clair que nous avons
affaire à une population rurale présente de manière
timide dès le début du Haut Moyen Age comme en
témoigne la découverte de céramique du VIIème
siècle dans un fossé. Cette présence est beaucoup
plus palpable entre les IXe et XIe siècles. L’ensemble
des trous de poteau observés au nord du diagnostic
renvoie sans doute à l’existence d’habitats à poteaux
porteurs. Les activités de type agricole sont perçues
à travers la découverte de silos de stockage des
grains. La fonction des autres creusements (grandes
fosses quadrangulaires et fosses circulaires…) restent
pour l’instant obscures à nos yeux. Un décapage
extensif de cette zone permettrait probablement de
saisir l’organisation générale de ces vestiges, et par
conséquent d’entrevoir certaines unités d’habitation.

Il y a fort à penser que l’existence de cette communauté
paysanne après l’an Mil, a jouée un rôle décisif dans
la création du castrum en 1162. Nos investigations ont
eu pour résultat d’exhumer un pan entier de ce dernier
où plutôt une extension hors les murs dans le courant
du XIIIe siècle et durant le XIVe siècle, extension qui a
en tout cas sans doute précédé les grandes crises du
milieu du XIVe. Avec les aléas du temps, ce faubourg
n’avait laissé aucune trace, à la fois dans les documents
d’archives, mais aussi à la surface du terrain. Il parait
évident aussi, que la proximité du village explique la
densité des ruines dans ce secteur.

L’organisation spatiale de ce que l’on peut considérer
comme un faubourg – ou plutôt devrait-on parler
d’habitats groupés ?- s’articule de part et d’autre
d’un chemin orienté du nord-sud, ancêtre du chemin
actuel. Cet habitat se manifeste par un réseau dense
de constructions qui se concrétise dans nos tranchées
par une quarantaine de murs obéissant le plus souvent
à deux axes directeurs, nord-sud et est-ouest. La trame
d’ensemble de ce faubourg nous échappe, toutefois la
concentration de maçonneries dans certains secteurs
semble ponctuellement mettre en évidence la présence
d’unités d’habitations.

Le niveau général de conservation des vestiges de
cette période est plutôt médiocre, l’absence de niveaux
de sol est la règle générale, le site semble en effet avoir
subi à la fois un important phénomène d’érosion ainsi
qu’un processus de récupération des matériaux de
construction. En effet, on a pu constater que la quasi-totalité
des murs avait été profondément démantelée
et que ne subsistaient que des tronçons de fondation,
le plus souvent sur une unique assise conservée. Dans
ce contexte, il est donc difficile de localiser ne serait-ce
que des espaces ouverts et des espaces fermés, hormis
pour le chemin principal et un espace de circulation
repéré à l’ouest de l’un des murs.

La présence de mottes de torchis dans les remblais
d’abandon nous informe sur l’édification de certains
murs avec de la terre et de la paille. Tout comme la forte
concentration de fragments de tuiles romanes nous
informe sur la présence de couverture de ce type.

Un certain nombre de structures en relation avec cette
occupation ont été mis au jour, il s’agit de plusieurs
puits, des silos, un four, ainsi qu’un réseau de fossés
et de drain assez complexe à comprendre en l’état
actuel de nos recherches.

Les premiers éléments de datation établis sur base
du mobilier céramique situent la construction et
l’occupation de l’ensemble dans une séquence
chronologique de deux cent ans environ, entre le
XIIIème siècle et le XVème siècle, sans qu’il soit possible
d’apporter une datation plus précise. On constate
que les remblais d’abandon recouvrant la plupart des
structures bâties se situent à l’extrême fin du Bas
Moyen Age, voire au début de la période moderne. Ce
secteur semble alors conserver certaines activités et
des constructions sont présentes sur les lieux, comme
par exemple autre un ancien pigeonnier, annexe du
château.

Tanguy WIBAUT et Eric YEBDRI
INRAP Méditerranée


[1Notice extraite du Bilan Scientifique 2008 du Service Régional d’Archéologie de la Direction Régionale des Affaires Culturelles Languedoc-Roussillon