Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse Les Jardins de Saint-Benoît

MOYEN AGE [1]

Ce gisement a été découvert au cours des prospections
archéologiques conduites par Gérald Sachot (SRALR)
préalablement à un projet immobilier déjà engagé.
Un diagnostic suivi d’une fouille ont permis d’étudier
un ensemble médiéval constitué par les vestiges
d’une église à chevet carré associée à un cimetière.
L’utilisation de cet ensemble a été définie par les auteurs
de la fouille entre le IXe et le XIIIe siècle. Au cours de
ces travaux, plusieurs tombes ont été étudiées. Une
distribution chronologique a pu être établie en fonction
des variétés typologiques des structures rencontrées
(lA. Gaillard et al., BSR-LR 2007).

Postérieurement à la réalisation des travaux de
construction des bâtiments, un suivi archéologique a
été demandé par le Service régional de l’Archéologie
dans le cadre du creusement de trois piscines. Celles-ci,
d’une surface de 21 m2 chacune, se trouvaient en
limite sud-est du cimetière, à l’extrémité du plateau qui
domine la petite vallée de la Nielle. Cette opération avait
pour but de surveiller la réalisation des creusements et
en cas de découverte, d’envisager la sauvegarde des
données archéologiques.

Les terrassements des piscines ont été réalisés par
décapages successifs à l’aide d’une pelle mécanique
équipée d’un godet lisse en respectant les côtes
préalablement définies pour l’aménagement. Au cours
de ces travaux, le remblais antique déjà identifié lors de
la fouille de l’ensemble église-cimetière a été retrouvé
dans la même situation.

Un seul des creusements a révélé des vestiges en
place. Il s’agit de deux tombes qui présentaient une
couverture de dalles. La première située au centre du
creusement a été intégralement fouillée. La deuxième
uniquement indiquée par une dalle dans la coupe
ouest du creusement a été laissée en place. Ces deux
structures ont été topographiées. Elles se trouvent sur
le même alignement, sensiblement l’axe est/ouest,
que celles déjà étudiées. Elles paraissent marquer
l’extrémité sud-est du cimetière.

La tombe fouillée était couverte par une série de sept
dalles de grés, disposées perpendiculairement à l’axe
de la tombe. Il semble que les longueurs de ces dalles
aient été adaptées à la largeur du creusement : plus
étroit aux extrémités et avec un élargissement au
niveau du buste. La similitude sédimentaire entre le
substrat du creusement et l’apport de recouvrement
n’a pas permis d’observer les limites probables d’une
fosse de creusement. De même, nous n’avons pu
identifier avec certitude la banquette d’assise des
dalles. Néanmoins, celle-ci est supposée du fait du
dépassement des dalles par rapport à la largeur de la
fosse de dépôt, de 5 à 10 cm environ.

Sous les dalles de recouvrement, la fosse est apparue
complètement comblée. Il s’agissait d’un sédiment
argilo-limoneux identique à celui qui recouvrait la
tombe. Le squelette a été retrouvé sous une quarantaine
de centimètres de comblement. Il est apparu allongé,
par sa face antérieure. Le crâne, visible par sa face
supérieure était disposé presque à la perpendiculaire
par rapport au reste du corps. Sa face postérieure
était en appui contre l’extrémité ouest de la fosse. Un
léger surcreusement à ce niveau peut être interprété
comme une logette céphalique. La ceinture scapulaire
montrait une très forte contention du corps avec les
bords de la tombe : les extrémités proximales des
humérus en contacts direct avec les parois ; les deux
scapula étaient déviées vers l’extérieur venant presque
au contact de la partie supérieure des humérus ; les
clavicules montraient une forte inclinaison vers la base
du sternum. Ces observations indiquent que la partie
supérieure du buste a été contrainte lors du dépôt du
corps, à la fois par la largeur de la fosse mais également
par la volonté de disposition du crâne. Le membre
supérieur droit était replié sous la base de la cage
thoracique, alors que l’extrémité du gauche venait de
poser sur le haut et au centre de la ceinture pelvienne.
La situation des ossements des avant-bras indique que
cette position est origine. Les jambes bien allongées
étaient en parfaite connexion anatomique sans
déplacement post-mortem, les patella étant restées
en place. Au niveau des pieds, les éléments du tarse
et les métatarses étaient allongés dans l’axe et dans
la continuité des membres inférieurs, les phalanges
ayant été retrouvées disloquées aux extrémités. Cette
observation indique clairement une décomposition du
cadavre en milieu ouvert. La diffusion des ossements
des mains vers la base du corps confirme également
cette situation. Aucun mobilier n’a été retrouvé dans
cette sépulture.

Les observations réalisées au cours de la fouille de
cette sépulture s’inscrivent parfaitement dans celles
faites dans l’étude de l’ensemble église-cimetière.
D’un point de vue chronologique, cette tombe se
situe dans une phase antérieure au Xe siècle comme
l’a montré l’étude d’Arnaud Gaillard pour le reste de
la nécropole. Cette opération a également permis de
préciser la limité sud-est du cimetière.

Philippe GALANT
(DRAC-LR SRA)


[1Notice extraite du Bilan Scientifique 2008 du Service Régional d’Archéologie de la Direction Régionale des Affaires Culturelles Languedoc-Roussillon