Brugairolles/Cambieure SCA du Razés

AGE DU FER

Afin [1] de protéger son environnement et notamment
les nappes phréatiques voisines, la SCA « Cave
Coopérative du Razès », se trouvait dans l’obligation
de se doter de bassins d’évaporation, destinés à traiter
les boues d’épuration et les fluides usés provenant des
vendanges et de la vinification. Les terrains retenus
pour le projet, d’une capacité proche de 10 hectares,
se trouvent à près de 1500 mètres au nord-ouest de
la Cave coopérative, à cheval sur les communes de
Brugairolles et de Cambieure, au lieu dit « la Capte »,
commun aux deux villages, en bordure du petit cours
d’eau « le Sou ».

Certaines zones n’ont pas été explorées ou très peu.
Il s’agit en premier lieu d’une bande de 20 m de large
pour 500 m de long correspondant au passage d’un
gazoduc, recoupant en oblique l’ensemble de l’emprise
puis d’un secteur nord-est, en bordure du Sou et plus
à l’intérieur des terres, vers le sud, où les tranchées
ont été fortement espacées, pour cause d’alluvions
récentes, bien identifiées jusqu’à plus de 1,30 m de
profondeur. Malgré ces dernières réserves, l’ensemble
des surfaces ouvertes couvre 8860 m2, soit 9,7 % de
la surface accessible.

Quarante-deux structures ont été mises au jour
dans la partie nord-ouest du projet, secteur propice
à l’occupation car légèrement dominant. Trentedeux
d’entre-elles ont été fouillées en totalité ou
partiellement. Les dix aménagements restants (trous
de poteaux et structures de combustion à galets
chauffés), n’ont pas été sondés, le comblement, ne
montrant aucun mobilier.

Deux périodes protohistoriques sont clairement
attestées sur le site, exclusion faite des structures
qui n’ont pu être datées de par l’absence de mobilier
caractéristique. Ces dernières, comme c’est souvent
le cas, sont des structures de combustion à galets
chauffés (6), et des trous ou bases de poteau (22).
Néanmoins, les relations logiques ou de proximité, et
plus certainement la similitude des comblements et des
matériaux, répétitifs, (dont des éléments en terre cuite/
torchis), de même les assemblages morphométriques
(dimensions et profi ls) suggèrent des appariements,
des groupes que l’on peut supposer contemporains, à
partir des vestiges voisins clairement datés.

Ainsi, le premier groupe (6 structures) se situerait au
nord-ouest, où la production céramique exclusivement
modelée découverte dans le silo SI 2 et les trous de
poteau voisins PO4 et PO 7, paraît le plus ancien,
soit à la charnière entre le VIIe et le VIe siècle av.
J. C. La seconde période, légèrement plus récente (8
structures), se situerait à la fi n du VIe s av. J.-C. Elle
est bien attestée par les mobiliers mis au jour dans la
fosse FS 21, notamment par une fi bule « à timbale »
en fer associée à des céramiques tournées importées.
Tout proches, les silos SI 10, SI 23 et surtout SI 25 ont
livré une bonne série de gobelets.

Dans la partie sud, la grande fosse FS 27, probable
cabane, a fourni une majorité de céramique tournée,
dont de l’amphore massaliète, que l’on retrouve aussi
dans la fosse FS 2. Un écart chronologique, plus
récent, pourrait être avancé, bien que rien ne s’oppose
à son intégration dans le second groupe, d’autant
plus que les particules de mica bien visibles dans
les productions de la Capte sont de taille moyenne à
petite, critère qui en dernier recours pourrait être pris
en compte, les productions plus récentes contenant
des micas de plus grand format.

Ces vestiges, par leur variété et leur qualité, notamment
le groupe des trous de poteaux, caractérisent
des structures pérennes, subordonnées à la
construction, l’habitat. Cette proposition est tout à fait
cohérente en regard du mobilier découvert, en premier
lieu les fragments de meule, également la production
céramique, témoignant de récipients de toutes tailles,
allant des gros vases de stockage aux petits gobelets
à boire. La sur-représentation de ces derniers dans le
petit silo SI 25 est assez surprenante. Il s’agit d’une
production homogène, tant dans les matériaux utilisés
que dans les formes, la mise en oeuvre et la fi nition, et
surtout les décors. L’ensemble semble provenir d’une
même production, éventuellement exécutée sur le site
par un potier. Les stigmates divers de cuisson plus ou
moins maîtrisée (surcuits, coups de feu, vase fendu…),
ainsi que la présence d’éléments de fours probables
au voisinage (gros fragments lissés sur les 2 faces,
« sole » perforée…) confi rmeraient cette hypothèse.
Les vestiges mis au jour caractérisent deux petites
exploitations rurales, éventuellement consécutives.

Ces occupations sont de courte durée si l’on se réfère
à l’absence de recoupements des structures, installées
de façon lâche, mais aussi et surtout à la faiblesse des
mobiliers contenus dans les négatifs et à l’absence
totale de ces derniers à la surface des sols.

La découverte de ces modestes vestiges reste
cependant d’un grand intérêt. Elle permet de mieux
appréhender l’occupation et l’exploitation des terres à
cette période, à l’échelle du site, mais aussi à celle du
Razès, où ce type d’implantation et d’aménagements
est particulièrement peu représenté.

Alain VIGNAUD
INRAP Méditerranée

Guy RANCOULE
UMR 5140, Montpellier-Lattes

Brugairolles et Cambieure, SCA du Razès. Série de gobelets du silo SI 25 (fi n du VIe av. J.-C.)
Dessin Guy Rancoule. Mise au net et DAO A. Vignaud}
Brugairolles et Cambieure, SCA du Razès.
Série de gobelets du silo SI 25 (fi n du VIe av. J.-C.)
Dessin Guy Rancoule. Mise au net et DAO A. Vignaud

[1Notice extraite du Bilan Scientifique 2008 du Service Régional d’Archéologie de la Direction Régionale des Affaires Culturelles Languedoc-Roussillon