Villegailhenc Place de la Liberté

MOYEN AGE
EPOQUE MODERNE [1]

L’opération d’archéologie préventive réalisée au 14
place de la Liberté à Villegailhenc (Aude) en septembre
2009, en périphérie du cœur du village ecclésial, a
permis la découverte d’une sépulture datant du bas
Moyen Age et de structures environnantes directement
postérieures.

Un substrat rocheux en grès, probablement retouché,
est apparu à la base des sondages, sur lequel reposait
un remblai sombre provenant d’un habitat proche,
probablement incendié, dont la chronologie, établie
par l’étude du mobilier (céramique et métallique)
qu’il renfermait, est comprise entre les XIVe et
XVIe siècles. La sépulture, creusée dans ce même
remblai, a été découverte loin de l’enclos connu du
cimetière médiéval, témoignant peut-être d’une zone
sépulcrale non identifiée à ce jour dans le faubourg de
Villegailhenc.

Le squelette appartient à un sujet de sexe masculin,
d’une stature d’environ 1,63 m et dont l’âge au
décès est compris entre 20 et 30 ans. Ses insertions
musculaires puissantes témoignent d’une activité
physique intense et répétée : longues marches et
manipulation d’éléments lourds. Une puissante
constitution pouvant correspondre à un mode de vie
militaire. Aucune blessure n’a été observée (hormis une
fracturation des deux incisives centrales supérieures)
pouvant mettre en évidence la cause du décès. L’étude
dentaire suggère que cet homme avait une hygiène de
vie relativement saine, malgré un stress métabolique
(alimentaire et/ou maladie) survenu dans la petite
enfance, autour de l’âge de deux ans.

Le soin apporté à cette sépulture, à priori isolée,
nous renseigne sur le mode d’inhumation en
vigueur pour la fin du XVe et le début XVIe
siècle en Languedoc : utilisation d’un linceul,
présence d’éléments périssables tel qu’un
coussin funéraire et d’un objet dans la main
gauche, ainsi qu’un probable encadrement
de pierres.

Elle fut perturbée par un premier sol
d’occupation en terre battue dont un trou
de poteau témoigne d’un incendie. Les
textes nous renseignent qu’à la date du 2
septembre 1436 est attestée la première
destruction du village, à la fin de la Guerre de
Cent Ans, lorsque le Languedoc est livré aux
brigandages des Routiers. Il est probable que
cet incendie a détruit une grande partie des
maisons du village, fort et bourgs, alors très
probablement construites en matériaux légers
(en colombages et terre crue), et couvertes de
tuiles.

Ces résultats, croisés avec les sources
historiques, sont forts intéressants d’une
façon générale pour la connaissance du
bas Moyen Age languedocien, notamment
pour les XVe et XVIe siècles, des périodes
qui restent peu documentées notamment
dans les domaines de l’anthropologie et de
la céramologie. Plus particulièrement, cela
intéresse de fait l’histoire de cette commune
pour laquelle il n’existe que très peu de
publications (A. Mahul, 1837 ; F. Poudou et al.,
2000 ), et devrait contribuer à mieux cerner
l’organisation de l’habitat sur la longue durée
et la question des rapports entre l’église, le
cimetière, et les fortifi cations.

Jean-François MODAT
Amicale Laïque de Carcassonne

Villegailhenc Sépulture isolée d’un individu masculin épargné par les fondations de l’habitat

[1Notice extraite du Bilan Scientifique 2009 du Service Régional d’Archéologie de la Direction Régionale des Affaires Culturelles Languedoc-Roussillon