Termes : le château

MOYEN AGE - EPOQUE MODERNE

À l’issue de trois années de fouilles programmées, la
connaissance des origines du château de Termes à
largement progressé. En 2010 une année de fouille
supplémentaire a été menée pour compléter la vision
de la partie nord-ouest de l’enceinte intérieure. À
ce jour, la plus grande partie du front occidental du
noyau castral a donc été fouillée, et l’organisation des
vestiges est parfaitement reconnue sur la partie nord.

La partie orientale est occupée majoritairement par des
édifices d’époque royale, pour lesquels un programme
de consolidation a permis d’en compléter les relevés.
De même, le front sud a fait l’objet de compléments
de relevés architecturaux en préalable à ces mêmes
travaux de consolidation. Seule la partie centrale de
l’enceinte intérieure, où se trouvait la tour maîtresse
du château, reste encore noyée sous d’importantes
couches de démolition qui demandent à être évacuées
afin de percevoir cet élément essentiel du château.
L’observation détaillée de certains de ses blocs (ce
donjon a été explosé à la poudre en 1653) épars sur
la butte, laissent néanmoins envisager une probable
ancienneté de la construction (Xe-XIe s. ?).

En ce qui concerne la chronologie de l’occupation du
site, l’achèvement de la fouille dans deux secteurs
importants (chapelle et bâtiment au sud de celle-ci), a
permis de constater la présence résiduelle de quelques
traces d’une occupation du site dès la Protohistoire,
sans doute à la transition des 1er et second âge du
Fer.

Malgré la découverte de quelques morceaux de tegulae
et d’amphores remaniés, aucun vestige d’époque
gallo-romaine n’a été reconnu en stratigraphie, et
pour l’heure, il ne semble pas que le site ait connu une
occupation conséquente avant la fin du haut Moyen
Age.

Par contre cette occupation, qui intervient au Xe siècle,
datation bien calée par des analyses radiocarbones et
du mobilier associé, apparaît d’emblée importante.
Elle se signale en particulier par un (des) chantier(s)
de construction et la constitution d’épais niveaux de
chaux et mortier, traces probables d’aires de gâchage.
Un bâtiment de cette période a été reconnu dans son
intégralité. Ses dimensions et la nature des restes
contemporains de son édification et des premiers
temps de son utilisation caractérisent par ailleurs la
nature aristocratique et militaire de ses occupants. Cet
édifice n’apparaît pas isolé, comme le montrent des
restes de murs observés dans l’emprise de la chapelle
castrale, mais aussi dans la partie nord fouillée en
2010.

L’un des apports essentiels de l’opération archéologique est donc de remonter d’un siècle au
moins l’origine de la seigneurie et du site de Termes,
par rapport aux plus anciennes mentions textuelles.

À partir de cette période, Le château connaît diverses
phases d’aménagement architecturaux. Une véritable
enceinte dotée d’un flanquement rectangulaire sur sa
partie la plus élevée est bâtie sur le front nord du noyau
castral, qui semblait d’ailleurs terminer la fortification
seigneuriale dans cette direction. L’enceinte, qui
recoupe plusieurs murs de la phase ancienne, semble
remonter au XIe s., avec l’accroche du mur nord sur un
mur ouest antérieur (Xe – XIe siècle ?).

Au XIIIe siècle, après la prise de possession du site par
les rois de France, d’importants chantiers sont réalisés.
Outre la modification radicale de la physionomie
d’ensemble du château avec la construction d’une
nouvelle enceinte concentrique au Nord, on constate
l’érection d’importants bâtiments dans le noyau
castral, qui se caractérisent par un appareil très
régulier et la qualité de leur mise en œuvre. Parmi ceux-ci,
la chapelle castrale qui a fait l’objet d’une fouille
intégrale. Outre l’érosion consécutive à l’effondrement
des murs occidentaux dans les secteurs au nord et
au sud de la chapelle, ces travaux du XIIIe siècle ont
toutefois provoqué la disparition d’une partie des
occupations antérieures sur le front ouest, le mieux
exploré jusqu’à présent. D’autres secteurs qui restent
à étudier semblent toutefois mieux préservés.

Une dernière phase de constructions et de
réaménagement se dessine enfin nettement sur la
majeure partie du noyau castral. Elle se caractérise
par une utilisation fréquente de blocs de tuf pour les
ouvertures, le remploi de divers matériaux dans les
murs, dont de nombreuses tuiles canal, et une moins
bonne qualité du bâti, souvent lié à la terre. Les données
stratigraphiques et le mobilier recueilli semblent dater
cette phase de la fin du XIVe ou du XVe siècle, datation
qui demande à être précisée par l’étude plus détaillée
de ces ensembles.

Enfin la fouille a livré plusieurs témoins qui paraissent
strictement contemporains de la destruction du site en
1653, ensembles homogènes de mobiliers scellés par
les niveaux de démolition.

Jean-Paul CAZES
CCS Patrimoine